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Culture  and  Co

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Musique, Théâtre, Littérature, Cinéma, Entretiens avec des artistes.


MARC THOMAS : L'ENTRETIEN

Publié par moeb sur 22 Septembre 2012, 09:22am

Catégories : #culture

 

 Eh oui, Marc THOMAS…Un chanteur que j’aime depuis longtemps… Alors déjà le fait qu’il veuille bien répondre à mes quelques questions était un peu un « petit cadeau » mais faire l’entretien chez lui a été un « petit bonheur » également ! Non je ne vous donnerai pas l’adresse !!!

 

 

 

Voici donc mes petites questions à Marc en direct de son salon…

Dans ton parcours musical il y a le chant et le saxophone mais ça a toujours été cela tes choix ?

Non ça n’a pas toujours été ça. Le choix numéro 1 c’était le fait de faire du saxophone.  Je chantais beaucoup mais pour moi c’était absolument abstrait, c'est-à-dire que je ne pensais pas une seule seconde que je pouvais devenir chanteur ni même prendre des cours de chant. Bon,  à l’école ça se passait comme tout le monde.  J’ai toujours été un élève qui ne faisait pas grand-chose mais qui reste dans la bonne moyenne. Donc à un moment donné en 1974 j’ai dit à mes parents « oui j’aimerai bien faire de la musique » On habitait alors à Bagnolet au septième étage et le hasard a voulu qu’au rez-de chaussé habite un monsieur qui était un musicien de bal et qui donnait des cours de saxophone, de flûte, de piano…En fait un peu de tout et n’importe quoi mais surtout, tout et n’importe comment. Mais,  il proposait du saxophone et moi ça me branchait alors ma mère est allée le voir parce qu’elle pensait que c’était mieux que de jouer au flipper avec les copains. Donc « ouais pourquoi pas ». Et un saxophone à l’époque ça coûtait à la rigueur peut être un demi mois de salaire alors que 40 ans plus tard ça coûte au moins 3 mois de salaire !! On a donc décidé de m’acheté un saxo et j’ai travaillé pendant 1 an avec ce type avec lequel  j’ai absolument rien appris puisqu’il ne m’a pas fait travailler les rudiments de l’instrument, notamment la prise de bec. Les cours se sont arrêtés brutalement parce qu’un soir je suis descendu, alors qu’il n’avait pas réussi à me joindre. Ce monsieur qui avait à l’époque la cinquantaine s’était remarié avec une nana plus jeune que lui et avait une petite fille qu’il adorait qui devait avoir 5 ou 6 ans et qui s’est fait écrasée par une voiture. Donc le jour où je suis venu prendre mon cours, l’accident venait d’arriver le matin et je ne l’ai jamais revu. En 1976 je suis rentré au CIM (école de jazz) ou j’ai pris des cours de saxophone avec Michel Roche qui ne m’a pas appris grand-chose non plus. En plus il était aveugle donc il ne voyait pas quand je ne prenais pas bien mon bec donc j’ai tout fait tout seul. C’était tous des très bons musiciens au CIM mais pas forcement des grands pédagogues. Cela dit comme j’étais un petit peu doué et que je connaissais le jazz à fond, j’ai vite joué et fait  mon premier cachet.  J’ai du gagner 125 francs, c’était un remplacement de mon prof dans un endroit sordide qui s’appelait "la pinte", à Paris, carrefour de l’odéon. Le lieu était tenu par 2 homosexuels et tout le monde était bourré à la bière mais au moins ils faisaient jouer des jeunes musiciens. Il y a eu toute une bande qui est passée par ce lieu et certains soirs c’était n’importe quoi.  Ma première soirée payée c’était avec Albert Levy un pianiste qui par la suite à fait quelques émissions de Jacques Martin mais s’est vite fait viré parce qu’il était mauvais. Donc ça devait emmerder mon prof qui m’a demandé de le remplacer. J’ai trouvé la soirée très très longue… j’avais 19 ans.  Le regret que j’ai c’est d’avoir voulu trop montrer à mes parents que je pouvais gagner ma vie. En fait  j’aurai pu travailler dans l’audio visuel. J’avais un Bac B et j’ai passé un concours dans la maintenance audio visuelle. J’aurai donc pu travailler chez Darty.

Le chant j’ai développé ça aussi un peu par hasard. Je chantais tout le temps et mes potes trouvaient que j’avais une belle voix. Avec ces potes on se retrouvait souvent en Corse l’été parce que mon père adorait faire de la plongée sous marine et là j’ai rencontré la grand-mère d’un ami qui donnait des cours de chant sur Paris et comme j’étais l’ami de sont petit fils j’étais devenu son « chouchou » et elle ne me faisait pas payer. C’était quand même 300 francs la demi-heure. Alors moi je venais avec des bouquets de fleurs. Elle donnait des cours à des flûtistes, des gens qui avaient des problèmes de diction et des comédiens dont : Isabelle Huppert, Francis Huster, Marie Christine Barrault. Pour la petite fête de fin d’année ils chantaient tous du classique sauf moi qui chantait du jazz. Elle m’a expliqué l’ouverture du son, l’ouverture des cotes flottantes et d’autres choses techniques et à partir de là je me suis mis à chanter et j’ai commencé à  avoir beaucoup plus de travail. Puis quelques années plus tard ma vie a basculé, j’ai eu un gros pépin de santé ce qui a fait que je me suis retrouvé moins timide parce que je n’en avais plus rien à faire et là ma carrière est montée en flèche. Voila, on en est là et je vis toujours au jour le jour… Je vis comme un ado et je n’ai pas changé. Je ne suis pas marié…voila tu sais tout (rires)

Tu préfères chanter avec un groupe ou comme soliste ?

Je suis un peu comme Daniel Huck, « chanteur-saxophoniste ». Ce que je veux dire c’est que je peux chanter avec n’importe qui. Donc pour moi c’est comme une sorte d’histoire de famille. Je connais des musiciens dans le Var, je connais des musicien en Bretagne, je connais des musiciens dans le Nord, je connais des musiciens à Paris…Je suis un petit peu appelé à jouer partout. Alors parfois ça se passe bien puis parfois moins bien mais quand je suis avec des supers  musiciens c’est cool. Puis j’ai mes plans réguliers, par exemple avec l’orchestre de Claude Bolling depuis 1998. Bon malheureusement Bolling va mal, c’est très grave et c’est très très triste. Il souffre d’une maladie neurologique dégénérative. Il a 82 ans et ne jouera plus longtemps. Ce mec est un besogneux. techniquement il manque de souplesse dans les doigts. Il est donc obligé de travailler tout le temps pour travailler ses muscles.

Tes influences c’est qui ?

Oh bah moi c’est Ella Fitzgerald. J’aime tout ce qui est un petit peu « classieux » alors j’adore Franck Sinatra, Nat King Cole, Marc Murphy, Johnny Hartmann, Sammy Davis Jr. Chez les femmes : Sarah Vaughan, Carmen Mc Rae, Billie Holliday…Actuellement y a personne qui m’intéresse vraiment à par Bobby Mc Ferrin. Je peux même aimer michael Bubblé même si c’est très marketing.

Mais bon il y a quand même quelque chose qui me rassure c’est qu’il y a des années que je suis là et que je suis encore là. De toute façon à mon âge je serai incapable de faire autre chose. Je pense un truc aussi c’est que quand je vais arriver vers la soixantaine, c'est-à-dire dans peu de temps, là on va dire « dis donc ce mec là il est là depuis 40 ans » et la on va parler de moi et je vais être plus connu du grand public même si je m’en fou du moment que j’arrive à vivre du chant.

Là Marc me demande si je veux du sucre dans mon café (non) et un morceau de chocolat (oui)

Ta définition du bon chanteur ?

Si ça reste dans le jazz, c’est un mec qui chante juste, un mec qui swingue et qui a du charisme, une certaine classe et avec qui tu prends ton pieds quand tu l’écoute. Je me souviens quand j’étais jeune on était près 1 mois à l’avance quand Ella Fitzgerald passait à la salle Pleyel, ou  des légendes comme Count Basie ou Oscar Peterson. Ce jour là tu t’habillais bien, tu arrivais en avance, c’était « Le Concert ». C’est plus comme avant, on fait plus comme ça. Pour en revenir à la question,  tu as le bon chanteur parce qu’il a un timbre de voix unique, Kurt Elling, par exemple. Par contre je trouve que toutes les chanteuses en ce moment se ressemblent au niveau de la voix et beaucoup de saxophonistes également même s’ils jouent très bien. Si, il y a bien Sophie Allour. Elle a un joli son je trouve.

Tu montes sur scène pour quoi et pour qui ?

Je monte sur scène : 1) Parce que parfois je suis obligé 2) Parce que c’est moi qui le demande 3) Parce que ça me fait plaisir 4) Pour qui ? Bah pour les gens qui aiment la musique et veulent bien m’écouter. Alors souvent on me dit que je ne suis pas n’importe qui mais moi ça m’étonne toujours. Par exemple que des gens fassent la queue pour venir m’écouter au Duc des lombards ça m’étonne toujours même après plus de 30 ans de carrière. J’ai toujours le trac également, mais je n’aime que le bon. Le mauvais je ne veux plus le connaitre. Cela m’est arrivé 2 fois, une fois avec Bolling au Mexique et une fois avec Luigi (Trussardi), j’avais mal au bide et l’impression d’avoir tout oublié. Par contre le bon trac j’aime…Tu es comme un lion en cage avant d’entrer en scène et tu te dis : « je vais leur montrer ce que je sais faire »

Comment le jazz est arrivé dans ta vie ?

Parce que c’est dans mes chromosomes. Je ne le sais même pas moi-même. Pourquoi ce rythme me fait bander ? Le swing m’enveloppe me prends les trippes. Puis il y a le coté black aussi que j’aime. Mon père était black, né aux Antilles. Mais j’ai aussi un coté très franchouillard. Ma mère est née dans le val d’Oise. Moi je suis un vrai Parisien. J’ai du sang noir, juif, breton et berrichon. On est pas dans la merde (rires)

Tu as des trucs pour travailler ta voix ?

Non pas vraiment parce qu’en fait je chante tous les jours. Je me chauffe peu la voix. Pas de bouillon de poules mais  pas d’alcool non plus… Sinatra buvait et fumait tous les soirs mais la voix tenait «  grave ». Je ne sais pas comment il faisait, c’était un phénomène.

Tu aimes les voix classiques aussi ?

Oui les voix chaudes…La Callas, Pavarotti , Montserrat Caballé, puis aussi d’autres  dans d’autres genres : Brel, Nougaro, Piaf, j’ai un total respect pour tous ces gens la…. même si beaucoup d’entre eux sont des saligauds ! J’adore aussi Sammy Davis Jr mais pas trop Tonny Bennett sauf maintenant mais parce que sa voix a baissé un peu, il est plus âgé, c’est moins « nasillard », j’aime aussi beaucou Donny Hattaway…

Puis chez les saxophonistes mon préféré c’est Dexter Gordon, c’est clair. Et c’est particulier parce que quand je vois des photos de lui ou de Duke Ellington tous les deux sous certains aspects ont exactement la même gueule que mon père. Le coté tailleur chic aussi d’Ellington ça c’était  mon père, l’Antillais parfait. Même s’il n’avait pas un rond il était toujours super classe.  C’était un vrai séducteur toujours le sourire.

Si tu ne devais emmener qu’un seul disque sur une île déserte, ce serait lequel ?

Sans hésitation « Ella In Hambourg ». En 1965, Ella Fitzgerald était au sommet de son art, c’est un concert magnifique, pour moi le meilleur d’Ella avec le trio de Tommy Flanagan. C’est un album génial, monstrueux…Pendant longtemps on ne le trouvait plus mais maintenant si. Tu vois là (dans le salon) j’ai gardé le 33 tours. Quand j’étais môme je connaissais l’album par cœur, je chantais tout et je faisais même les applaudissements et les « thank you » dans ma chambre (rires). Sur la pochette elle porte une perruque ce qui était la mode afro américaine à l’époque. J’ai chanté  il y a longtemps avec le batteur d’Ella et c’était vraiment cool. Il parait que c’était une femme extraordinairement gentille !!

Après ton dernier album des projets pour d’autres ?

J’aimerai faire un album piano voix. Ce serait chouette ou faire un album avec des musiciens de « jazz manouche ». J’aimerai rencontrer Birelli lagrène. Maintenant avec les années je connais beaucoup de musiciens Humair, Romano…Mais je suis toujours aussi surpris de connaitre tous ces gens.

 

C’est la fin des questions pour monsieur Thomas…à lui de m’en poser une !

Marc Thomas : Tu es marié ?

Moi : Non

Marc : voila c’est tout, merci (rires)

 

Un petit lien pour aller plus loin : marcthomasjazz.com

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