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Culture  and  Co

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Musique, Théâtre, Littérature, Cinéma, Entretiens avec des artistes.


CLAUDE AUFAURE : L'ENTRETIEN

Publié par le blog de Fabien Lize sur 19 Mai 2013, 10:01am

Catégories : #culture

 

AUFAURE.jpg

 

Introduire cet entretien me prendra plus de temps qu’à mon habitude j’y mettrai « plus de mots »… Claude AUFAURE fait parti, pour moi, des très grands comédiens du théâtre d’aujourd’hui. Quand j’écris cela, je ne parle pas là de notoriété. Non ça je crois que le bonhomme s’en moque bien… Je parle ici de la compréhension si fine et si singulière qu’il a de son métier et avec laquelle il nous livre et délivre des émotions que l’on garde en soi après avoir vu ses personnages sur scène.

Je l’ai rencontré à la terrasse d’un petit café, où nous nous étions donné rendez-vous, devant l’entrée du théâtre Montparnasse où il joue « l’importance d’être sérieux » d’Oscar WILDE. Pendant que je l’interrogeais, 2 de ses partenaires de scène (Mathieu BISSON et Arnaud DENIS) arrivaient au théâtre pour se préparer et venaient lui dire bonjour en passant… Il me disait d’eux, juste après, qu’ils étaient adorables comme s’ils parlaient d’amis ou de personnes d’une même famille et j’aime ça aussi chez lui. Ce fut pour moi un vrai plaisir que de pouvoir échanger avec lui  et lui poser quelques questions dont je partage les réponses avec vous.

 

- Claude, On sent encore chez vous, après presque 50 ans de carrière, une vraie passion toujours très vivante pour votre métier, comment faites vous pour garder cette énergie que je qualifierai de « poétique » ?

 

- Alors pour moi énergie et poésie peuvent être parallèles mais différentes. L’énergie j’en suis responsable par définition…Oui énergie physique ! J’ai toujours trouvé que le théâtre était une énergie pulmonaire. J’ai adoré, et ça m’est arrivé souvent, pendant des années de pouvoir courir, bouger sur de grands plateaux, donner une réponse physique à mes personnages. C’est capital dans ma façon de jouer… capital ! Je l’ai d’abord su par mon professeur Tania BALACHOVA qui disait : « tant que vous ne sentez pas les choses par les pieds, par le corps, vous ne serez pas satisfait » Elle avait prévu tout ça. Quant à la chose poétique, on me renvoie souvent à cela…

 

- Oui c’est une évidence !

 

-Tant mieux si elle est là mais je n’ai pas à en dire grand-chose. En ce qui concerne la poésie pure, j’ai attendu avant de la dire, sur scène ou ailleurs. Je jouais déjà depuis 15 ans mais ça je ne m’en sentais pas capable. Après je l’ai beaucoup fait puis j’ai arrêté. Mais…il y a dire de la poésie et être poétique.

 

- Oui c’est de cela aussi pour moi dont il s’agit.

 

- Oui mais cela c’est à vous de le décider ou au spectateur. Moi si j’en suis conscient, je vais devenir triomphant, je vais me dire « …mais quelle merveille » (Rires). Cela dit pour moi la poésie fait partie de la transposition nécessaire au théâtre pour sortir du quotidien. Cela permet de se projeter vers autre chose. Au dessus, en dessus, je ne sais pas ? Mais de se décaler. Aller vers des chemins de traverse qui ne sont pas la route principale de la vie. Je considère qu’il faut prendre les petits chemins. Par exemple en ce moment je me ballade beaucoup avec mes 2 personnages.

 

Claude AUFAURE joue dans « l’importance d’être sérieux » de WILDE, mise en scène par Gilbert DESVEAUX, les rôles de Lady BRACKNELL et du révérend CHASUBLE.

 

- Est-ce difficile de jouer une même pièce longtemps. Faut-il se réinventer chaque soir ?

 

- Non, il ne s’agit pas de se réinventer chaque soir ! C’est par paliers. Simplement pour moi cela devient difficile au-delà de jouer plus de trente fois de suite la même pièce. Oui là ça devient compliqué et l’on est obligé de renouveler ses choix. Sinon le reste ce sont des petits détails qui changent d’un soir à l’autre selon l’humeur, selon l’humeur aussi du public. Il s’agit alors d’y mettre des choses nouvelles, de trouver des « trucs » pour garder l’envie, le plaisir, pour rompre des habitudes de jeu. En même temps l’occasion s’est peu présentée dans ma carrière sauf avec « l’Habilleur » que nous avons joué plus de 100 fois, puis aussi le spectacle « une heure avec Rainer Maria Rilke » avec Laurent TERZIEFF, que nous avons repris à des moments différents. Puis la pièce dans laquelle je joue actuellement, « l’Importance d’être  sérieux » d’oscar WILDE, parait bien partie pour durer également. On est là jusqu’à fin juin au minimum je pense… (Au théâtre du Montparnasse)

 

-Vous vous souvenez de votre premier rôle ? 

 

- Oui je me souviens c’était dans le cadre du festival du marais, qui n’existe plus aujourd’hui. Cela se passait à l’Hôtel de Sully en 1964. J’avais un petit rôle, j’étais un jeune comédien et j’avais un trac fou pour quelques phrases (Il sourit). Il s’agissait d’une pièce de Michel de Ghelderode qui s’appelait « Sire Halewyn ».

 

- Que se passe-t-il quand vous entrez dans votre loge. Avez des habitudes avant d’entrer en scène ?

 

- La loge oui c’est un endroit important mais ça dépend des théâtres et des pièces que l’on joue également. Cela reste le lieu ou je me concentre avant l’entrée en scène mais on y est parfois seul, parfois moins. Là par exemple (au théâtre du Montparnasse) j’ai la plus grande loge et elle est à la fois proche de l’entrée du théâtre et de la scène. Mes collègues y passent donc souvent d’autant qu’il y a là un joli canapé rouge. Ici c’est un peu le dernier salon ou l’on cause (Rires), c’est vivant. Pour ce qui est d’avoir des habitudes particulières, non je n’en ai pas vraiment à part peut être une heure d’arrivée au théâtre assez régulière.

 

- Comment avez-vous rencontré Laurent TERZIEFF ?

 

- C’était il y a plus de 40 ans ! Pascale DE BOYSSON (sa compagne) et lui ont eu besoin de moi pour un spectacle de la compagnie TERZIEFF et ce long compagnonnage à commencé comme cela. Nous avons beaucoup joué ensemble.

 

- De quoi êtes-vous le plus fier dans votre longue carrière?

 

- De la durée…oui je suis très fier d’avoir su et pu durer. Oui j’aime l’idée de  la longévité. Au début j’ai joué des rôles de jeunes, de jeunes premiers puis aujourd’hui des rôles de vieux ou très vieux, pas toujours très sympathiques (Sourire). Les rôles suivent la vie. C’est pour moi le « Works in Progress ». C’est ça aussi la durée. Puis dans mon cas, je trouve ça aussi particulier parce que je suis plutôt un comédien à « l’anglo-saxonne ». En France on choisi les comédiens parce que l’on sait qu’ils sont bons dans un registre et on leur donnera toujours le même à jouer ! Comme une marque de fabrique. Moi je ne fonctionne pas comme ça. J’ai fait des choses très diverses en tant que comédien. Alors oui je suis fier d’être encore là aujourd’hui et c’est amusant parce que je joue encore plus depuis que je devrais être en soi-disant retraite (Rires).

 

- Oui vous êtes un comédien qui à fait des choses différentes mais pour moi c’est aussi ce qui fait la cohérence de votre démarche artistique.

 

- Oui c’est vrai quelque part c’est un peu un parcours choisi. J’ai aussi donné des cours pendant 15 ans à "l'école" de Tania BALACHOVA » j’ai beaucoup aimé ça.

 

- Comment rentrez vous en relation avec vos personnages, comment les liés vous à vous si intimement mais en gardant la bonne distance ?

 

- Fabien je suis content que vous utilisiez le mot « intime » et encore plus si c’est ce que vous percevez.

 

- Oui c’est vraiment ce que je pense.

 

- Alors évidemment il ne s’agit pas d’être Richard III ! C’est ça la bonne distance… Non je cherche en quoi le personnage pourrait être proche de moi sur des choses concrètes ou au contraire des grandes idées, par exemple l’idée de la mort. Puis physiquement j’essaye de comprendre comment évolue le personnage. Je veux dire par là, comment il bouge. Pour moi trouver le pas de mon personnage, sa démarche c’est essentiel. Je cherche aussi les sentiments qu’il pourrait éprouver au-delà du texte. Puis moi-même, j’ai besoin de marcher pour trouver un personnage. Cela libère le cerveau ça aide à faire travailler l’imaginaire au service de la pièce et du rôle alors je peux me balader du coté du jardin du Luxembourg par exemple. Mais il y a aussi la technicité. Une base est fondamentale dans ce métier. C’est comme ces rivières de Dordogne qui sont là en sous sol puis qui apparaissent et disparaissent selon les paysages mais qui sont bien là. Puis bien sur il y a de l’observation quotidienne qui peut nourrir des rôles. Voila c’est un peu tout ça la recherche d’un personnage.

 

- C’est drôle vous venez de répondre comme je pense que vous deviez enseigner (Il sourit).

 

- Qu’aimez-vous dans la mise en scène ?

 

- M’occuper des comédiens…J’adore les comédiens ! Je ne dis pas que j’aime « diriger » les comédiens. Ils n’en on pas besoin. Ils le font très bien eux même. Pour moi on ne dirige pas un comédien ! Non pour la mise en scène il s’agit de donner un axe de travail sur une pièce, une impulsion…

 

- Pour durer dans votre métier, il y a le talent mais au delà de cela, votre discrétion et votre humilité sont pour moi des preuves que la superficialité actuelle n’est qu’un leurre. Si je vous dis qu’un comédien  est comparable à un artisan, êtes vous d’accord avec cela?

 

- Oui bien sur ! Comme je le disais tout à l’heure il y a une base mais c’est pareil pour chaque métier, c’est la technicité. Puis pour durer j’ai parfois du dire non. Là par exemple pour la pièce de WILDE, c’était double NON. Je trouvais que j’avais trop joué de curé puis ce deuxième rôle… Mais je me suis fait avoir par Gabriel DESVEAUX. Il a été malin (Rires). C’est vrai que la traduction de la pièce par Jean Marie BESSET est superbe. Alors il a quand même réussi à me faire faire une lecture avec les autres comédiens déjà  choisis et évidemment ils ont tous ris à ma lecture. J’étais piégé ! Après, la durée comporte aussi des moments difficiles, des gros moments de doutes. J’ai parfois peur de me répéter, de faire 100 fois la même chose. Heureusement ces pensées ne sont que temporaires. Le public aussi est important.

 

- Au théâtre il y a la scène avec l’idée d’une troupe, d’une équipe, de rencontres d’acteurs, puis par ailleurs il y a ce travail plus intérieur de préparation du rôle, de recherche d’une vérité. Vous vivez ça comment?

 

- Oui c’est un métier de rencontres. La vérité c’est essentiel. Mais pour moi tout cela est un travail d’ensemble. Vous savez quand j’étais professeur chez BALACHOVA j’ai vu des comédiens qui  au début de leur formation étaient incapables de sortir un mot. Aujourd’hui certains sont très connus. Sur scène certains sont très différents de ce qu’ils sont dans la vie.

Tant mieux. C’est aussi cela ce métier.

 

C’est le moment où j'échange les rôles et je demande donc à Claude AUFAURE de me poser une question…

 

Bon, Fabien…Quand vous mettez vous à la mise en scène ?

 

- Ah c’est une question piège…Pourquoi cette question ?

 

-Parce-que, ce que vous dites sur les comédiens dans votre blog et sur Claude SANTELLI montrent que vous aimez vraiment ces métiers et les comédiens. Je pense que vous pourriez faire ça !

 

- Oui c’est vrai mais je ne sais pas très bien par ou commencer… A voir ! En tout cas votre question me pousse à y réfléchir. (Il sourit)

 

Claude AUFAURE termine son thé, moi mon café et dit « Bon... Fabien il faut que Je me rende au théâtre. Merci ! ». Trois pas et il se retrouve dans sa loge…

 

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F
drolement bien le claude
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B
Claude Aufaure: maintenance is a good article you have written here about the life and achievement of the actors and the silver screen stars. all i can say is that you have very reliable information updates here for the readers. keep on adding.
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L
<br /> J'AIME IL LIT TRèS BIEN<br />
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